L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
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L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Salut !
Une question trotte dans ma tête depuis quelques jours : est ce que le plaisir sexuel n'est que présent chez les grands primates ou le retrouve-t-on chez d'autres groupes ?
Si cela incite à recommencer, pourquoi les animaux chez qui l'acte sexuel est douloureux (chat par exemple) enchaînent les coïts ? Si d'autres animaux s'en sortent sans orgasmes, pourquoi est-il maintenu alors qu'il entraîne une dépense d'énergie (5 a 6 mets = 1h de marche a 6 km/h !) (Source : Smeltzer et Bare, Soins infirmiers en médecine et en chirurgie, fonctions respiratoire, cardiovasculaire et hématologique. De Boeck)et une vulnérabilité potentielle aux prédateurs ?
Mélanie
Une question trotte dans ma tête depuis quelques jours : est ce que le plaisir sexuel n'est que présent chez les grands primates ou le retrouve-t-on chez d'autres groupes ?
Si cela incite à recommencer, pourquoi les animaux chez qui l'acte sexuel est douloureux (chat par exemple) enchaînent les coïts ? Si d'autres animaux s'en sortent sans orgasmes, pourquoi est-il maintenu alors qu'il entraîne une dépense d'énergie (5 a 6 mets = 1h de marche a 6 km/h !) (Source : Smeltzer et Bare, Soins infirmiers en médecine et en chirurgie, fonctions respiratoire, cardiovasculaire et hématologique. De Boeck)et une vulnérabilité potentielle aux prédateurs ?
Mélanie
Mélanie- communicatif
- Nombre de messages : 45
Age : 37
Niveau et domaine de formation : M2R Ecologie Evolution Biométrie
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 19/10/2007
Darwin et l'orgasme
Salut,
C’est une question délicate que tu poses là…
En effet, comment savoir qui a des orgasmes et qui n’en a pas ? La plupart des scientifiques pensent que cela concerne beaucoup de mammifères, ce qui permettrait de dater son apparition à plus de 65 millions d’années… Toutefois, même si certains mécanismes sont décrits, la notion de sensation éprouvée est de l’ordre du subjectif. Elle ne peut donc en toute logique pas être clairement démontrée par des mesures empiriques. Les chercheurs utilisent généralement la description de l’orgasme humain de Masters et Johnson comme une évidence à son existence chez d’autres espèces. Dans le cas des mâles, la question est assez évidente : d’un point de vue physiologique il résulte au final en l’éjaculation. Prenons par exemple un rat : il est venu, il a vu, il a vaincu… mais a-t-il éprouvé du plaisir pour autant ? Même si il paraît satisfait, son expérience correspond-t-elle à la très particulière expérience neurologique qu’Homo sapiens nomme orgasme ? On ne peut pas raisonnablement associer éjaculation et orgasme ; en effet les humains paralysés peuvent avoir des érections et éjaculer sans ressentir forcément de plaisir, et les préados peuvent atteindre l’orgasme avant leur maturité sexuelle.
Les biologistes évolutionnistes ont des problèmes avec l’orgasme des femelles, car c’est un trait assez énigmatique comparé aux autres. Les femmes peuvent concevoir sans orgasme, le rendant moins lié à leur succès reproducteur qu’il ne l’est pour les mâles (M. Zuk, 2006). La question est : l’orgasme des femelles est-il une adaptation ou un sous-produit de l’évolution ? Ou s’agit-il dans notre espèce d’un cas d’inertie phylogénétique (l’orgasme ayant pu augmenter la fitness des femelles à un autre moment de l’évolution que pendant l’évolution des protohominidés ou des hominidés)?
Un trait est généralement considéré comme étant une adaptation quand sa présence augmente la fitness. L’hypothèse adaptative la plus populaire concerne l’hypothèse de la compétition spermatique : l’orgasme féminin aiderait à la conception avec des mâles de qualité génétique supérieure, et serait vu comme un mécanisme copulatoire de mate choice (choix du partenaire sexuel). En effet l’orgasme mâle, coûteux d’un point de vue énergétique sur le coup, semble être moins discriminant vis-à-vis des partenaires que l’inverse. Les conséquences en termes de coûts de gestation, d’allaitement etc auraient sélectionné un « choix » plus drastique de la part des femelles.
Quels seraient alors les bénéfices de l’orgasme féminin : les contractions vaginales favoriseraient l’éjaculation puis une plus grande rétention de sperme. La sécrétion de prolactine activerait le sperme, et comme tu le dis, les sensations de plaisir associées à la sécrétion d’endorphines et d’attachement liée à celle de l’ocytocine pousseraient les femelles à copuler à nouveau avec les mâles avec lesquels elles ont expérimenté l’orgasme.
Sous ces hypothèses de choix adaptatif, certains mâles devraient être plus aptes à déclencher des orgasmes chez leur partenaire, et cela en relation avec leur « qualité » génétique. Cela a été montré dans plusieurs études. Thornhill (1995) à trouvé une relation positive entre une variable composite traduisant le degré de symétrie des hommes (sensé être lié à la qualité génétique) et la fréquence des orgasmes de leur partenaire. Chez les maquaques, la fréquence la plus élevée d’orgasmes chez les femelles était au sein des couples formes par des mâles de haut rang et des femelles de bas rang (Troisi et al, 2002).
Dans le cas de l’hypothèse du sous-produit non-adaptatif, l’orgasme pourrait être le fait d’un développement embryonnaire commun avec celui des mâles pour lesquels c’est effectivement une adaptation, être lié à des mécanismes et à des structures anatomiques homologues. Mais les sous-produits sont sensés être réduits ou « vestigiaux » par rapport à ceux du sexe opposés…
Voilà, je vous laisse méditer là-dessus, n’hésitez pas à poster et à réagir si j’ai fait des erreurs…
Elise
- Puts,D.A., Dawood,K. (2006) The case of female orgasm: Adaptation or byproduct? Twin Research and Human Genetics 467-471
- Thornhill, R., Gangestad, S. W., & Comer, R. (1995). Human female orgasm and mate fluctuating asymmetry. Animal Behaviour, 50, 1601–1615.
-Troisi A., Carosi, M. (2002) Female orgasm rate increases with male dominance in Japanese macaques. ANIMAL BEHAVIOUR 56(5): 1261-1266
C’est une question délicate que tu poses là…
En effet, comment savoir qui a des orgasmes et qui n’en a pas ? La plupart des scientifiques pensent que cela concerne beaucoup de mammifères, ce qui permettrait de dater son apparition à plus de 65 millions d’années… Toutefois, même si certains mécanismes sont décrits, la notion de sensation éprouvée est de l’ordre du subjectif. Elle ne peut donc en toute logique pas être clairement démontrée par des mesures empiriques. Les chercheurs utilisent généralement la description de l’orgasme humain de Masters et Johnson comme une évidence à son existence chez d’autres espèces. Dans le cas des mâles, la question est assez évidente : d’un point de vue physiologique il résulte au final en l’éjaculation. Prenons par exemple un rat : il est venu, il a vu, il a vaincu… mais a-t-il éprouvé du plaisir pour autant ? Même si il paraît satisfait, son expérience correspond-t-elle à la très particulière expérience neurologique qu’Homo sapiens nomme orgasme ? On ne peut pas raisonnablement associer éjaculation et orgasme ; en effet les humains paralysés peuvent avoir des érections et éjaculer sans ressentir forcément de plaisir, et les préados peuvent atteindre l’orgasme avant leur maturité sexuelle.
Les biologistes évolutionnistes ont des problèmes avec l’orgasme des femelles, car c’est un trait assez énigmatique comparé aux autres. Les femmes peuvent concevoir sans orgasme, le rendant moins lié à leur succès reproducteur qu’il ne l’est pour les mâles (M. Zuk, 2006). La question est : l’orgasme des femelles est-il une adaptation ou un sous-produit de l’évolution ? Ou s’agit-il dans notre espèce d’un cas d’inertie phylogénétique (l’orgasme ayant pu augmenter la fitness des femelles à un autre moment de l’évolution que pendant l’évolution des protohominidés ou des hominidés)?
Un trait est généralement considéré comme étant une adaptation quand sa présence augmente la fitness. L’hypothèse adaptative la plus populaire concerne l’hypothèse de la compétition spermatique : l’orgasme féminin aiderait à la conception avec des mâles de qualité génétique supérieure, et serait vu comme un mécanisme copulatoire de mate choice (choix du partenaire sexuel). En effet l’orgasme mâle, coûteux d’un point de vue énergétique sur le coup, semble être moins discriminant vis-à-vis des partenaires que l’inverse. Les conséquences en termes de coûts de gestation, d’allaitement etc auraient sélectionné un « choix » plus drastique de la part des femelles.
Quels seraient alors les bénéfices de l’orgasme féminin : les contractions vaginales favoriseraient l’éjaculation puis une plus grande rétention de sperme. La sécrétion de prolactine activerait le sperme, et comme tu le dis, les sensations de plaisir associées à la sécrétion d’endorphines et d’attachement liée à celle de l’ocytocine pousseraient les femelles à copuler à nouveau avec les mâles avec lesquels elles ont expérimenté l’orgasme.
Sous ces hypothèses de choix adaptatif, certains mâles devraient être plus aptes à déclencher des orgasmes chez leur partenaire, et cela en relation avec leur « qualité » génétique. Cela a été montré dans plusieurs études. Thornhill (1995) à trouvé une relation positive entre une variable composite traduisant le degré de symétrie des hommes (sensé être lié à la qualité génétique) et la fréquence des orgasmes de leur partenaire. Chez les maquaques, la fréquence la plus élevée d’orgasmes chez les femelles était au sein des couples formes par des mâles de haut rang et des femelles de bas rang (Troisi et al, 2002).
Dans le cas de l’hypothèse du sous-produit non-adaptatif, l’orgasme pourrait être le fait d’un développement embryonnaire commun avec celui des mâles pour lesquels c’est effectivement une adaptation, être lié à des mécanismes et à des structures anatomiques homologues. Mais les sous-produits sont sensés être réduits ou « vestigiaux » par rapport à ceux du sexe opposés…
Voilà, je vous laisse méditer là-dessus, n’hésitez pas à poster et à réagir si j’ai fait des erreurs…
Elise
- Puts,D.A., Dawood,K. (2006) The case of female orgasm: Adaptation or byproduct? Twin Research and Human Genetics 467-471
- Thornhill, R., Gangestad, S. W., & Comer, R. (1995). Human female orgasm and mate fluctuating asymmetry. Animal Behaviour, 50, 1601–1615.
-Troisi A., Carosi, M. (2002) Female orgasm rate increases with male dominance in Japanese macaques. ANIMAL BEHAVIOUR 56(5): 1261-1266
Elise- Squatteurs
- Nombre de messages : 114
Age : 38
Niveau et domaine de formation : Master 2 Bioévaluation des écosystèmes et expertise de la biodiversité
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 18/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Juste pour info, on date la séparation des mammifères et des marsupiaux à 150 Ma environs et leurs radiation à 90 Ma (source : papier du génome de l'ornithorynque, nature 2008).
Ensuite, ma curiosité me pousse à poser la question suivante : est-ce que l'orgasme/plaisir sexuel est lié au mode de vie social des espèces ? en gros, est-ce que les animaux qui vivent en couple ont plus d'orgasmes et si oui cela aiderait-il à "cimenter" le couple ?
Merci
Ensuite, ma curiosité me pousse à poser la question suivante : est-ce que l'orgasme/plaisir sexuel est lié au mode de vie social des espèces ? en gros, est-ce que les animaux qui vivent en couple ont plus d'orgasmes et si oui cela aiderait-il à "cimenter" le couple ?
Merci
Yves- Bavard
- Nombre de messages : 79
Age : 39
Niveau et domaine de formation : Etudiant en thèse sur l'évolution des génomes de rongeurs
Etablissement : Max-Planck-Institute, Berlin
Date d'inscription : 17/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Oui oui oui, j'avais lu quelque chose à ce sujet dans un sciences et vie sur les émotions, à moins que ce soit dans Cerveau et Psycho... le problème c'est que je suis chez mes parents pour les révisions alors je peux pas rechercher dans ma revuthèque personnelle. Je crois qu'ils disaient que l'orgasme féminin permettait de créer un attachement, et de maintenir le sentiment amoureux.
Je chercherai dès que je serai à nouveau à Lyon, promis !
Je chercherai dès que je serai à nouveau à Lyon, promis !
Margaux- Squatteurs
- Nombre de messages : 157
Niveau et domaine de formation : Master2 neurosciences (recherche)
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 21/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Après avoir recherché dans mes revues...
Le monde de l'Intelligence n°5, Juillet-Aout 2006 :
L'orgasme chez la femme déclence la libération d'ocytocine, hormone qui participe au sentiment d'attachement. Cette même hormone est d'ailleurs libérée lors de l'acouchement.
On peut donc dire que l'orgasme participe au maintien du couple en renforçant l'attachement.
Je pensais que l'article développait plus tout ça mais il parle de manière générale des différentes phases d'une relation amoureuse et des corrélats neuronaux. Si ça vous intéresse je peux vous raconter ça dans la partie neuro mais je vous préviens, ça casse un peu l'idée romantique du coup de foudre...
Le monde de l'Intelligence n°5, Juillet-Aout 2006 :
L'orgasme chez la femme déclence la libération d'ocytocine, hormone qui participe au sentiment d'attachement. Cette même hormone est d'ailleurs libérée lors de l'acouchement.
On peut donc dire que l'orgasme participe au maintien du couple en renforçant l'attachement.
Je pensais que l'article développait plus tout ça mais il parle de manière générale des différentes phases d'une relation amoureuse et des corrélats neuronaux. Si ça vous intéresse je peux vous raconter ça dans la partie neuro mais je vous préviens, ça casse un peu l'idée romantique du coup de foudre...
Margaux- Squatteurs
- Nombre de messages : 157
Niveau et domaine de formation : Master2 neurosciences (recherche)
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 21/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Si tu as l'article, je voudrais bien y jeter un coup d'œil.
Tu peux aussi nous en raconter un peu (mais juste ce qu'il faut)
Tu peux aussi nous en raconter un peu (mais juste ce qu'il faut)
Yves- Bavard
- Nombre de messages : 79
Age : 39
Niveau et domaine de formation : Etudiant en thèse sur l'évolution des génomes de rongeurs
Etablissement : Max-Planck-Institute, Berlin
Date d'inscription : 17/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
La suite des bases neuronales des différentes étapes de l'amour dans la partie physio humaine : https://ladoua.exprimetoi.net/physiologie-humaine-f20/neurobiologie-du-sentiment-amoureux-t224.htm#693
Margaux- Squatteurs
- Nombre de messages : 157
Niveau et domaine de formation : Master2 neurosciences (recherche)
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 21/10/2007
Re: L'orgasme dans d'autres groupe que celui des primates ?
Pour pimenter la discussion sur l'orgasme et la vie de couple, des chercheurs de Suède ont publié une étude dans laquelle ils relient l'attachement et/ou le succès dans un couple à l'allèle d'un gène, à savoir l'allèle 334 du gène AVPR1A. Cet allèle n'est présent que chez l'homme.
Les hommes qui possèdent deux copies de cet allèle seraient plus enclins à avoir des problèmes de couples et moins enclins à s'attacher à leurs partenaires.
Je ne rentrerai pas dans les détails, je n'ai pas lu l'article. Pourtant cette étude ne montre qu'un "lien statistique fort" entre la présence de cet allèle et l'attachement dans la vie de couple dans la population suédoise.
Je passe sur l'amalgame entre lien statistique et lien de cause à effet. Cette étude pose tout de même une question intéressante sur les bases génétiques de l'attachement et sur le ou les avantages pour la transmission du matériel génétique d'une relation de couple stable.
Je donne les articles du Monde et de la BBC qui en parlent.
Selon Le Monde, l'article est paru dans PNAS ces jours-ci.
Affaire à suivre...
Les hommes qui possèdent deux copies de cet allèle seraient plus enclins à avoir des problèmes de couples et moins enclins à s'attacher à leurs partenaires.
Je ne rentrerai pas dans les détails, je n'ai pas lu l'article. Pourtant cette étude ne montre qu'un "lien statistique fort" entre la présence de cet allèle et l'attachement dans la vie de couple dans la population suédoise.
Je passe sur l'amalgame entre lien statistique et lien de cause à effet. Cette étude pose tout de même une question intéressante sur les bases génétiques de l'attachement et sur le ou les avantages pour la transmission du matériel génétique d'une relation de couple stable.
Je donne les articles du Monde et de la BBC qui en parlent.
Selon Le Monde, l'article est paru dans PNAS ces jours-ci.
Affaire à suivre...
Yves- Bavard
- Nombre de messages : 79
Age : 39
Niveau et domaine de formation : Etudiant en thèse sur l'évolution des génomes de rongeurs
Etablissement : Max-Planck-Institute, Berlin
Date d'inscription : 17/10/2007
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