Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
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Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
Sujet :
Selon vous, la vulgarisation scientifique est-elle une bonne ou mauvaise chose ?
Selon vous, la vulgarisation scientifique est-elle une bonne ou mauvaise chose ?
Re: Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
Définissons bien ce dont nous sommes en train de parler. La vulgarisation est donc l'action de vulgariser, c’est-à-dire de rendre vulgaire. Quelque chose de vulgaire est "commun". La vulgarisation scientifique cherche donc à rendre accessible au plus grand nombre des concepts scientifique qui pour être compris dans leur intégralité nécessitent un énorme bagage culturel a priori. On essaye donc de faire passer la même idée mais en limitant la "somme de départ" nécessaire à la compréhension pour que le plus grand nombre, voir tout le monde, puisse comprendre. On rend donc vulgaire l'idée, si la vulgarisation est réussie alors l'idée complexe au départ devient un fait établi pour tout le monde.
Donc selon moi, si l'on peut diffuser de la connaissance alors c'est forcément une "bonne chose" à la condition que 1. le vulgarisateur ait conscience du public auquel il s'adresse et 2. que le vulgarisateur soit inattaquable sur ce qu'il dit par les autres experts du domaine. C'est le 2e point qui n'est pas toujours respecté. C'est une question de point de vue, mais je suis personnellement très impressionné par les auteurs qui parviennent à être à la fois simple et exact. Trop souvent, on entend souvent des métaphores ou des raccourcis qui s'ils éclairent bien le sujet dans la conversation restent fausses et ça c'est valable même pour des cours à la fac (qui sont bien une forme de vulgarisation aussi). En fait, la vulgarisation est le seul moyen de rendre compatible notre durée limitée (ben oui, on meurt tous...) et notre besoin d'accumuler le plus de connaissance possible.
En définitive, je dirais que la vulgarisation n'est ni une bonne ni une mauvaise chose mais qu'elle est une nécessitée absolue car malheureusement en tant que humains nous ne sommes pas capables d'être expert en tout. On a donc besoin de vulgarisation (ou de temps!) pour étudier les autres domaines mais cette vulgarisation doit-être bien faite et c'est un exercice bien plus difficile de s'adresser à des ignorants qu'a des experts : il faut dans le temps imparti (par la structure d'un bouquin, la faculté d'attention d'une audience, etc) faire passer correctement (c'est à dire tel que les experts le conçoivent) le concept, tout un art !
Donc selon moi, si l'on peut diffuser de la connaissance alors c'est forcément une "bonne chose" à la condition que 1. le vulgarisateur ait conscience du public auquel il s'adresse et 2. que le vulgarisateur soit inattaquable sur ce qu'il dit par les autres experts du domaine. C'est le 2e point qui n'est pas toujours respecté. C'est une question de point de vue, mais je suis personnellement très impressionné par les auteurs qui parviennent à être à la fois simple et exact. Trop souvent, on entend souvent des métaphores ou des raccourcis qui s'ils éclairent bien le sujet dans la conversation restent fausses et ça c'est valable même pour des cours à la fac (qui sont bien une forme de vulgarisation aussi). En fait, la vulgarisation est le seul moyen de rendre compatible notre durée limitée (ben oui, on meurt tous...) et notre besoin d'accumuler le plus de connaissance possible.
En définitive, je dirais que la vulgarisation n'est ni une bonne ni une mauvaise chose mais qu'elle est une nécessitée absolue car malheureusement en tant que humains nous ne sommes pas capables d'être expert en tout. On a donc besoin de vulgarisation (ou de temps!) pour étudier les autres domaines mais cette vulgarisation doit-être bien faite et c'est un exercice bien plus difficile de s'adresser à des ignorants qu'a des experts : il faut dans le temps imparti (par la structure d'un bouquin, la faculté d'attention d'une audience, etc) faire passer correctement (c'est à dire tel que les experts le conçoivent) le concept, tout un art !
Joseph- discret
- Nombre de messages : 7
Niveau et domaine de formation : Master 2 Recherche, Ecologie Microbienne
Etablissement : UCBL
Date d'inscription : 25/02/2009
Re: Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
Merci à toi d'avoir participé a ce débat. D'autant que je suis relativement d'accord avec toi...
Je relance tout de même le débat en appuyant quelques points :
Comment le grand public peut-il faire la part des choses entre la bonne et la mauvaise vulgarisation ?
La bonne vulgarisation existe-elle même vraiment, certains prétendant qu'on ne peut simplifier sans "fausser" un peu les explications ? (ce n'est pas mon avis, mais...)
[i]
Je relance tout de même le débat en appuyant quelques points :
Comment le grand public peut-il faire la part des choses entre la bonne et la mauvaise vulgarisation ?
La bonne vulgarisation existe-elle même vraiment, certains prétendant qu'on ne peut simplifier sans "fausser" un peu les explications ? (ce n'est pas mon avis, mais...)
[i]
Re: Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
Je dirais que par définition, il ne peut pas. C'est ce qui fais la différence entre l'expert (ou tout du moins, le connaisseur, l'auditeur éclairé) et le grand public, c'est à dire celui qui ne connait que ce que connait toute la population à propos d'un sujet.Comment le grand public peut-il faire la part des choses entre la bonne et la mauvaise vulgarisation ?
On ne peut pas dire qu'un entomologiste amateur mais passionné qui passe des heures à étudier dans des bouquins mais qui bosse chez Carrouf' soit du "grand public" lorsqu'il assiste à une conf' sur les insectes !
Joseph- discret
- Nombre de messages : 7
Niveau et domaine de formation : Master 2 Recherche, Ecologie Microbienne
Etablissement : UCBL
Date d'inscription : 25/02/2009
Re: Mars09 : Quoi penser de la vulgarisation scientifique ?
Comme le laissait sous-entendre Adrien, il est à mon avis assez logique de penser que la vie en soi est vulgarisation... a priori, sachant que nul n’est capable d’appréhender totalement la complexité des mécanismes du vivant, de la physique etc, personne n’a accès à la « vérité » absolue. Même le scientifique le plus à la pointe dans son domaine ne connaît qu’une partie de sa « vérité ». On peut même dire que lui-même vulgarise à sa façon!
Le besoin de « vulgariser » me semble en fait lié à la nature même de la communication : pour être transmis d’un émetteur à un récepteur, un message doit être codé de façon a être compréhensible. En effet il n’y a pas de communication possible si le récepteur ne peut pas comprendre le message. Voilà pourquoi, si l’on veut transmettre une information, qu’elle soit d’ordre scientifique ou pas, il y a nécessité d’adapter le codage du message, mais pas forcément son contenu (comme disait Joseph, rendre compréhensible sans dénaturer l’information) car plus on est exact et plus on complique la chose.
Il y a alors nécessité de s’adapter à la personne (ou au public) à qui l’on s’adresse. Même si toute communication nécessite des connaissances de base, certains types de communication sont plus universels que d’autres. Par exemple, si un chien lui montre les dents, un humain comprend le message et passe son chemin. A l’inverse, deux scientifiques faisant partie de la même espèce et qui se parlent en anglais peuvent rencontrer des difficultés pour se comprendre. Dans tous les cas, la complexité de la communication dans le domaine de la science est selon moi liée à la complexité du vocabulaire et du langage spécifique employé.
J’en arrive alors à la question d’origine : « faut-il vulgariser ?». La réponse me semble assez logique : « Tout dépend de si tu veux communiquer ou pas ! ». Comme rien ne sert de faire des découvertes et de les garder pour soi (ou au sein d’une communauté scientifique d’ailleurs), c’est un passage obligé si l’on veut transmettre ses idées. C’est pareil dans tous les domaines, et chacun est bien content d’avoir accès à des infos politiques, économiques… « vulgarisées ».
Il faut alors que ce soit fait le mieux possible. Bien sûr dans une société il y a des disparités, et des niveaux d’éducation et de culture différents. Du coup il n’y a pas UNE façon de vulgariser, mais une théorique infinité, et serait idéalement à adapter au cas par cas selon l’interlocuteur… tout est une question de compromis entre détérioration du message et intégrité de la compréhension. C’est tout un art, et cela ne peut être fait que par des personnes qui ont une très bonne connaissance et de leur sujet ET du public auquel ils s’adressent.
Comme l’a dit Joseph, le public n’a pas à faire la part des choses, puisque par définition il n’est pas suffisamment informé pour le faire. La régulation doit donc se faire en amont, par le contrôle de la qualité des informations qui circulent. Cela dit le but n’est pas non plus de donner TOUTE l’information, mais de ne faire passer que ce qui mérite de l’être. A partir de là, toute vulgarisation scientifique est soumise à la droitesse de son auteur. Comme il s’agit le plus souvent de communication unilatérale (par l’intermédiaire de la presse écrite notamment), le public ne fait que subir des choix faits en amont. En découle donc le problème de la falsification éventuelle du contenu, consciente ou non. Comment alors éviter l’effet téléphone arabe (quand les vulgarisateurs vulgarisent à leur tour) ?
En fait il faudrait simplement que les gens soient conscients de la limite de leurs propres connaissances pour ne pas prendre pour vrai tout ce qui est dit ou écrit, et garder un esprit critique. Cela passe notamment par la comparaison d’informations, la remise en question, le débat, la curiosité etc. Et que surtout ceux qui n’ont pas la connaissance s’abstiennent de vouloir prendre des décisions (comme moi qui ne connaît rien en politique : je les laisse se débrouiller). Si on récapitule, comme toujours ceux qui ont la connaissance ont le pouvoir (du moins dans leur domaine), ça va souvent ensemble !!! Certaines personnes jouent le rôle de filtre en choisissant leur technique de communication. La question devient alors : si l’on veut défendre les OGM, mieux vaut se spécialiser en génétique ou en politique ??
Le besoin de « vulgariser » me semble en fait lié à la nature même de la communication : pour être transmis d’un émetteur à un récepteur, un message doit être codé de façon a être compréhensible. En effet il n’y a pas de communication possible si le récepteur ne peut pas comprendre le message. Voilà pourquoi, si l’on veut transmettre une information, qu’elle soit d’ordre scientifique ou pas, il y a nécessité d’adapter le codage du message, mais pas forcément son contenu (comme disait Joseph, rendre compréhensible sans dénaturer l’information) car plus on est exact et plus on complique la chose.
Il y a alors nécessité de s’adapter à la personne (ou au public) à qui l’on s’adresse. Même si toute communication nécessite des connaissances de base, certains types de communication sont plus universels que d’autres. Par exemple, si un chien lui montre les dents, un humain comprend le message et passe son chemin. A l’inverse, deux scientifiques faisant partie de la même espèce et qui se parlent en anglais peuvent rencontrer des difficultés pour se comprendre. Dans tous les cas, la complexité de la communication dans le domaine de la science est selon moi liée à la complexité du vocabulaire et du langage spécifique employé.
J’en arrive alors à la question d’origine : « faut-il vulgariser ?». La réponse me semble assez logique : « Tout dépend de si tu veux communiquer ou pas ! ». Comme rien ne sert de faire des découvertes et de les garder pour soi (ou au sein d’une communauté scientifique d’ailleurs), c’est un passage obligé si l’on veut transmettre ses idées. C’est pareil dans tous les domaines, et chacun est bien content d’avoir accès à des infos politiques, économiques… « vulgarisées ».
Il faut alors que ce soit fait le mieux possible. Bien sûr dans une société il y a des disparités, et des niveaux d’éducation et de culture différents. Du coup il n’y a pas UNE façon de vulgariser, mais une théorique infinité, et serait idéalement à adapter au cas par cas selon l’interlocuteur… tout est une question de compromis entre détérioration du message et intégrité de la compréhension. C’est tout un art, et cela ne peut être fait que par des personnes qui ont une très bonne connaissance et de leur sujet ET du public auquel ils s’adressent.
Comme l’a dit Joseph, le public n’a pas à faire la part des choses, puisque par définition il n’est pas suffisamment informé pour le faire. La régulation doit donc se faire en amont, par le contrôle de la qualité des informations qui circulent. Cela dit le but n’est pas non plus de donner TOUTE l’information, mais de ne faire passer que ce qui mérite de l’être. A partir de là, toute vulgarisation scientifique est soumise à la droitesse de son auteur. Comme il s’agit le plus souvent de communication unilatérale (par l’intermédiaire de la presse écrite notamment), le public ne fait que subir des choix faits en amont. En découle donc le problème de la falsification éventuelle du contenu, consciente ou non. Comment alors éviter l’effet téléphone arabe (quand les vulgarisateurs vulgarisent à leur tour) ?
En fait il faudrait simplement que les gens soient conscients de la limite de leurs propres connaissances pour ne pas prendre pour vrai tout ce qui est dit ou écrit, et garder un esprit critique. Cela passe notamment par la comparaison d’informations, la remise en question, le débat, la curiosité etc. Et que surtout ceux qui n’ont pas la connaissance s’abstiennent de vouloir prendre des décisions (comme moi qui ne connaît rien en politique : je les laisse se débrouiller). Si on récapitule, comme toujours ceux qui ont la connaissance ont le pouvoir (du moins dans leur domaine), ça va souvent ensemble !!! Certaines personnes jouent le rôle de filtre en choisissant leur technique de communication. La question devient alors : si l’on veut défendre les OGM, mieux vaut se spécialiser en génétique ou en politique ??
Elise- Squatteurs
- Nombre de messages : 114
Age : 38
Niveau et domaine de formation : Master 2 Bioévaluation des écosystèmes et expertise de la biodiversité
Etablissement : UCB Lyon1
Date d'inscription : 18/10/2007
Vulgariser, c'est d'abord expliquer
le débat n'est pas neuf ni facile, car la vulgarisation impose des choix, des réductions. Mais vulgariser, c 'est d'abord expliquer. Quand je donne des cours, je vulgarise aussi puisque je rends accessible des connaissances délicates..Du moins j'essaie....
je ne crois à l'idée de s'adapter à son public, mais plutot de traiter une question à travers une manière d'expliquer, un style ou ...poser la question de la vulgarisation, c'est aussi poser le problème de la pédagogie, c 'est à dire réussir à échanger des idées en s'appuyant sur le pré-acquis de l'interlocuteur, parfois, souvent pour remettre en cause ce pré-acquis...
je ne crois à l'idée de s'adapter à son public, mais plutot de traiter une question à travers une manière d'expliquer, un style ou ...poser la question de la vulgarisation, c'est aussi poser le problème de la pédagogie, c 'est à dire réussir à échanger des idées en s'appuyant sur le pré-acquis de l'interlocuteur, parfois, souvent pour remettre en cause ce pré-acquis...
benedicte- discret
- Nombre de messages : 5
Niveau et domaine de formation : doctorat biologie
Etablissement : rennes
Date d'inscription : 22/04/2011
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