3 Décembre, Don Coucouleone

Pratiques mafieuses chez les oiseaux parasites

Squatteur forever !
Environ 1% des oiseaux sont des parasites inter-spécifiques. Ils appartiennent pour la plupart à la famille des Cuculidae (53 espèces parasites sur 136 espèces).
Les plus connus dans nos régions sont le Coucou gris d’Europe (Cuculus canorus), qui parasite de nombreux passereaux, et le Coucou geais (Clamator glandarius), dont l’hôte principal est la Pie bavarde (Pica pica).

Attention j’arrive !!!!
A son arrivée de migration au printemps, la femelle du coucou, se poste à couvert et observe les oiseaux qui l’entourent. Elle ne parasitera en principe que la seule espèce qu’elle sait imiter : celle qui l’a élevée.
Profitant de l’absence de la femelle du nid visé, elle gobe alors un œuf de sa victime et pond le sien en remplacement. Cette opération lui demande à peine 10 secondes.

Logé, nourri, blanchi…ou pas…
Le jeune coucou éclot généralement le premier et rejette ensuite les œufs ou les poussins de ses parents adoptifs (ce comportement d’éviction des œufs de l’hôte n’est présent que chez la moitié des espèces de coucous parasites). Le jeune imite le cri de sollicitation des poussins, et quand il devient plus gros, crie comme plusieurs oisillons afin de duper encore mieux ses parents adoptifs.

Vengeance !!!!
Chez de nombreuses espèces parasitées, on a vu apparaître des comportements dits « anti-coucous »: l’hôte essaie d’identifier l’œuf étranger, et va le rejeter par-dessus bord ou abandonner le nid.

L’escalade de la violence.
En réponse à de tels comportements, les coucous ont développé une « stratégie de mafia ». Les coucous adultes visitent régulièrement les nids parasités et n’hésitent pas à intimider leur hôte et à user de la force. Enfin, ils détruisent les œufs de celui-ci, si dans les nids parasités, l’œuf coucou a été rejeté. Ces représailles entrainent alors une contre-sélection sur le comportement d’éjecteur. Cependant, cette stratégie mafieuse a un coût : la surveillance du nid parasité.

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Salut,
Je profite de ton post pour vous rapporter ce que j'ai lu dans "La Science et la Vie" n° 4 de juillet 1913 (trouvé dans la cave de mon grand-père!) et qui s'intitule "Plaidoyer en faveur du coucou". Ca vaut le détour!

"Tout le monde sait que la femelle du coucou ne couve pas ses oeufs, qu'elle les fait couver par les femelles d'autres espèces après les avoir déposé dans des nids étrangers. Or, son instinct infaillible lui fait toujours choisir des nids d'oiseaux insectivores, tels que les pouillots, pipis, phragmites des joncs et hoche-queues. Si cette façon d'agir nous demeure incompréhensible, elle n'est certainement pas le propre d'un instinct sanguinaire outrageusement développé. Il faut plutôt y voir là la conséquence d'une modification organique de la femelle qui lui interdit de couver ses oeufs."
"Là elle le dépose au milieu des oeufs de la mère adoptive après en avoir enlevé un pour que le nombre d'oeufs demeure le même. Il arrive que dans cette opération la femelle du coucou casse cet oeuf, mais il ne faut voir là qu'un accident, car jamais elle ne mange les oeufs des passereaux auquels elle confie l'incubation de son oeuf. On a cru que la femelle du coucou était dépourvue d'instinct maternel. Rien n'est moins exact, car, loin de se désintéresser de sa progéniture, elle surveille attentivement ce qui se passe dans le nid où elle a mis son oeuf. Il est, au surplus, tout à fait remarquable que les femelles choisies comme mères adoptives acceptent sans discuter de jouer ce rôle. Ce n'est certaineement pas la ressemblance qui peut exister entre la taille et la couleur de l'oeur étranger qui les fait condescendre à accepter cet intrus. Est-ce la surveillance active que le coucou exerce sur le nid d'adoption qui les intimide? Il semble qu'il y ait une autre influence encore mal connue."
"Enfin, citons un des faits les plus saillants de sa vie d'adoption. Lorsque, pour des causes diverses, la mère du coucou ne peut subvenir aux exigences de sa progéniture, on peut voir, comme le prouvent nos photographies, des mères nourricières, petits passereaux moitié moins gros que leur nourrisson, se multiplier à leur tour pour assurer au vorace oisillon la nourriture nécesaire à sa rapide croissance. Qui nous expliquera ce mystère?"


Voilà, un petit retour en arrière qui nous renvoie à l'interprétation qu'on fait des chercheurs du début du 20ème siècle sur le sujet!
Elise